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Houx – Eregdos

Le houx est un arbuste à feuilles persistantes qui se développe en buisson. Ses feuilles ont un bord ondulé et épineux d’un vert profond et brillant. Ses fruits sont de petites boules rouges qui murissent en fin d’été et sont toxiques. Mais certains soigneurs se servaient autrefois du houx pour des cataplasmes en broyant les feuilles.

Le houx a donné son nom à la Houssaye appelée avant ça l’Eregion (Erek = épines en Sindarin) dont il est le symbole et le vestige des jours heureux quand elle était peuplée d’elfes.

(Gandalf) «… Il faut qu’un pays soit soumis a beaucoup de mal avant d’oublier entièrement les elfes quand ils y ont demeuré autrefois.
– C’est bien vrai, dit Legolas. Mais ceux de cette terre étaient d’une race différente de nous autres, elfes des bois, et les arbres et l’herbe ne se souviennent plus d’eux. Mais j’entends les pierres les pleurer : « profondément ils nous ont creusées, bellement ils nous ont travaillées, hautement ils nous ont dressées; mais ils sont partis. Il y a longtemps qu’ils sont partis chercher les Havres ».
Ce matin là, ils allumèrent un feu dans un creux profond, voilé de grands buissons de houx, et leur petit déjeuner-souper fut plus gai qu’il n’avait jamais été depuis leur départ. 

le seigneur des anneaux Livre 2 ch 3

En allant à Tharbad (5)

A peine Issil referma la porte de la chambre derrière lui qu’Hiragil nous dit :
– Je ne l’aime pas ! Ce marchand ment avec ses beaux sourires et sa voix mielleuse. Je suis sur qu’il a quelque chose à voir dans la disparition du bouvier.
Issil caressa sa barbe grise et se gratta le cou l’air pensif.
– Tu as sans doute raison. Trop flatteur pour être honnête. Qu’en penses tu Shar… Shaela.

Il était évident que cet homme respirait la fourberie, mais je n’avais pas envie d’aller chercher plus loin et de nous exposer. Ce n’était pas nos affaires et nous étions  dans une ville que nous ne connaissions pas.
-mmmh … c’est vrai. Quoi qu’il en soit, nous n’avons aucune raison de nous mêler de ses affaires. Laissons le trouver quelqu’un d’autre. Refusons son offre.
Hiragil bondit du lit où elle s’était assise.
– Quoi ? Aucune raison ? Et le bouvier ?! Personne ne s’en soucie ?
– Nous ne savons pas ce qu’il est devenu. Il est peut être simplement parti. Et nous ne devons pas prendre le risque de nous découvrir. Et puis qui nous dit qu’il n’a pas de complices si c’est bien lui ? Car à t’entendre il est déjà coupable.  On ne sait rien. On est isolé ici, et je…
– Il faut qu’on sache ! Et je saurais ! me coupa t’elle.

Je regardais Issil, invoquant son aide et il me sourit d’un air plein de pitié ironique, sachant que je cèderai.
– Bien.
Je me me dirigeais vers la petite fenêtre de la chambre et l’ouvrit. La rumeur de la ville se rua dans la chambre. Dehors la rue était animée. En ce début de soirée, de grand pans de fraîcheur tombait sur la ruelle et la foule morne et houleuse coulait en flux ininterrompu tandis qu’autour les enfants piaillaient. Le vent s’engouffra soudain et me fouetta le visage apportant son flot de parfums et d’odeurs qui saturaient toute ville humaine. Je refermais la fenêtre avec un léger dégout.
– Soit. Demain vous donnerez votre accord pour l’accompagner. S’il demande où je suis, dites lui que je fais la lessive par exemple. Issil, demande à tes amis de préparer les chevaux au cas où et de surveiller notre charriot.
– D’accord et toi ?
– Moi ? Je ne serai pas loin.
J’ouvris le coffre et sorti une tenue grise de cuir souple et ma cape. Je pris ma longue dague effilée et un petit rondache de la taille d’une assiette suffisamment discret pour être dissimulé.
– Au moindre danger on file prendre les chevaux et on quitte la ville d’accord ? Je n’ai aucune envie d’être face à la garde ni de me retrouver dans une geôle humaine. D’accord Hirilil ?
Elle se leva et m’embrassa, heureuse.
– Promis !

Issil s’éclipsa nous laissant toutes les deux dans la chambre en nous gratifiant d’une «bonne nuit les filles et pas de chahut s’il vous plait, pensez à votre vieux père».

Sous le soleil exactement

Une petite pause loin des Terres du Milieu bien que…

En allant à Tharbad (4)

Hirilil prit sa place sur le chariot sans dire un mot. Elle resta ainsi à bouder au moins toute une lieue. Shaela et Issil n’ayant pas plus envie de parler, pour la première fois depuis le départ le chariot Chantechêne était silencieux. La harpe posée contre un rebord du chariot ne vibrait qu’à cause du chaos de la route ; à chaque soubresaut, elle tressaillait d’un son disharmonieux, désarticulé, dont la résonnance ne faisait qu’énerver un peu plus la jeune femme aux cheveux blancs.

Avec une voix faible et rauque, elle rompit ce silence discordant qu’elle ne supportait plus :

– Je sais qu’il n’est pas coupable de vol. Je le connaissais peu, c’est vrai, mais c’est un type bien.

Elle serait les dents en parlant, pour contenir la colère qui lui serrait la gorge. Elle voulait la garder en elle, d’abord pour ne pas exploser littéralement dans la caravane, ensuite parce qu’elle avait besoin de cette rancune contre le destin qui lui permettait d’affermir sa volonté.

– Je ne veux pas que son nom soit sali. Il ne le mérite pas.

– Si tu as raison, le mérite n’est pas la question. Si tu as raison, c’est un problème de chance ou de destin, selon ce que tu préfères croire… »

Issil continua d’une voix calme et posée.

– Si tu as raison, nous le savons tous les trois, il n’est plus. Que veux-tu y faire ? Que peux-tu changer ?

– Rien, bien sur. Je ne peux pas revenir en arrière. Mais vous deux, ne me renvoyez jamais faire du café quand j’ai raison. Même un absent a le droit d’être défendu. »

Hirilil finit sa phrase sur un ton sec qui indiquait qu’elle n’attendait aucune réponse à son assertion.

Sharilaa entoura les épaules de son amie dans un bras et la serra toute contre elle. Sous le soleil de l’été, les deux corps qui se touchaient avaient une chaleur fraîche, un rayonnement apaisant. En marmonnant quelque chose que les autres ne comprirent pas, la plus jeune abandonna sa tête à l’épaule de sa grande sœur et son cou aux rayons du soleil. Sa main se posa sur la jambe de sa grande sœur, et elle reprit doucement mais d’une voix claire cette fois :

-J’ai bien compris ton message Shaela, même si je pense qu’il provient d’Issil. Mais je ne changerai pas de comportement. Si je me fais remarquer, c’est pour que les regards que j’attire ne se tourne pas vers toi. C’est ce que je peux faire de mieux pour toi.

Soulagée d’avoir enfin pu expliquer ce qu’elle faisait, elle attendit un peu une dénégation de sa position un peu singulière. Pour attendre elle regardait la route qui défilait et pensait au temps qui passe. Apparemment, personne ne voulait la contrer, mais peut-être cherchaient-ils à étayer un argumentaire solide.

Alors elle se redressa et lança d’un air presque badin pour détendre l’atmosphère :

-A Thalion, nous pourrons aller voir le marché ?

– Je ne crois pas.dit Shaela en se tournant avec grâce vers son père, pour lui demander tacitement de confirmer son intuition.

Quand la caravane arriva devant le mur qui entourait Thalion, beaucoup de voyageurs sourirent, contents d’avoir enfin rejoint un havre de civilisation au milieu des plaines du Minhiriath où ne poissent qu’une herbe rase et des moutons. Les soleil était à son zénith et assommait tant les hommes que les bêtes de sa chaleur estivale. Comme à leur habitude, les chariots se mirent en cercle. Issil poussa ses deux filles par les épaules vers le conseil de la caravane qui se tenait alors.

Toute la question était de savoir combien de nuits les marchands feraient halte ici. Une seule était tout juste suffisante pour la plupart des marchands, tiraillés entre l’envie de faire des affaires et celle de rentrer chez eux. Alternadh, le marchand qui avait perdu marchandise et bourse en réclamait trois, pour ne pas rentrer bredouille. Beorend, habitué de la situation, cherchait à créer un dialogue, en permettant à chacun d’exposer les raisons de leur position. Un compromis fut rapidement trouvé sur la base raisonnable de deux nuits, laissant aux plus habiles d’entre eux, une journée entière pour dénicher de bonnes occasions.

-Vous avez deux nuits. Suivez moi.

Issil se dirigea alors vers Beorend pour lui demander où il pourrait trouver une chambre pour lui et ses filles. Le chef de la caravane le toisa un instant puis lui expliqua comment trouver l’Auberge aux oranges, sur la place principale de la ville, près des bâtiments du Conseil de la ville. Cette auberge était une des plus vieille institution de la ville, réputée pour son brassage et pour la propreté de ses chambres. Issil y paya d’avance une chambre pour deux nuits.

Beorend se dit que les chambres devaient être bien chaudes car quand les deux sœurs Chantechêne en étaient descendues pour prendre leur repas du soir, elles étaient toutes rouges. Il n’avait pas envie de quitter des yeux cet ange qui descendait les marches, le dos bien droit, la tête haute. Les courbes généreuses et douces de son corps parfait lui donnaient envie de sourire béatement, comme ces simplets que l’on voit régulièrement dans les fermes les plus isolées ou le long des routes.

Le chef de la caravane avait pris une chambre à cette même auberge. Comme il ne travaillait pas pour lui et que sa mission était juste de livrer la marchandise, il n’avait rien d’autre à faire que se détendre durant cette halte. Alors il avait décidé de venir boire dans cette auberge quand il n’était pas au campement à surveiller les chariots. Plus tôt dans l’après-midi, il prit plaisir à discuter avec Issil Chantechêne qui était quelqu’un de très avenant, grande qualité pour un commerçant. Il réussit à apprendre qu’aucune de ses filles n’était mariée.

Alors qu’il était perdu dans son rêve d’ange aux plumes blanches, Alternadh l’aborda sans douceur. Il avait besoin d’un peu de fonds et espérait qu’il pourrait les lui avancer. Beorend, contrarié lui répondit qu’il n’avait pas d’argent propre. Par contre, il lui apprit que le père Chantechêne avait certainement les moyens de le dépanner. Il espérait ainsi que le marchand malchanceux occuperait le vieux pendant qu’il pourrait enfin aborder les sœurs, ou peut être même seulement Hirilil.

Alternadh n’hésita pas une seconde et se dirigea vers la table des Chantechêne où le père attendait ses deux filles. Il entama une discussion vive et animée avec les trois membres de la famille, comme si il les connaissait depuis toujours. Il commença par présenter sa misère comme si elle n’était qu’un simple incident pour mieux présenter la somme qu’il demandait comme une broutille, un simple service entre voisins. Sans vraiment laisser le temps à Issil de répondre, il vanta ensuite la beauté des halles de Thalion et l’art consommé de ses marchands. Ce dernier n’avait pas besoin de dire grand-chose pour relancer le flot de paroles toutes plus flatteuses et charmantes les unes que les autres. Il décida tout de même de temporiser sa décision jusqu’au petit matin, le temps d’en discuter en famille. Alternadh déclara aussitôt qu’il n’en espérait pas tant. Il proposa même de faire visiter le marché aux Chantechêne, quelle que soit leur décision.

Pendant tout ce temps, Beorend les épiait, assis seul à sa table, silencieux, le regard scrutateur, le nez dans sa chope de bière parfumée.

Le repas terminé, le père et ses deux filles se retirèrent dans leur chambre à l’auberge pour discuter de l’affaire. En montant les marches qui menaient au premier pallier Hirilil parla tout bas à Shaela qui était devant elle. Elle lui demanda de trouver un moyen pour que demain Alternadh et elle puissent discuter seule à seul, car elle avait des questions à lui poser.

texte d’Hiragil de Pontis, fille du corbeau

En allant à Tharbad (3)

Les hommes étaient déjà sur pied avant la pointe du jour, tous réunis en conciliabule, tendus, le verbe haut et tous s’adressaient à Beorend. Il se curait les dents avec un brin de paille comme s’il venait de manger, observant chacun des marchands qui l’interpellaient. Issil était parmi eux adoptant leur attitude sans toute fois prendre la parole alors qu’Hiragil, ou plutôt Hirilil, telle qu’elle se faisait appeler dans la caravane, haussait le ton devant les marchands qui la regardaient avec étonnement tout en désapprouvant. Je remarquais aussi les deux hommes d’Issil, à l’allure de marchands eux aussi, mais formant avec Issil un triangle dans le groupe avec l’un d’eux non loin de Beorend. Issil restait sur ses gardes. Je le vis demander quelque chose à Hirilil.
Elle vint vers moi, le visage fermé et plaça brutalement une casserole pleine d’eau sur le feu.
– Hirilil ? Que se passe t-il ?
– Le bouvier a disparu et on l’accuse de vol. Ils sont toujours aussi prompts à accuser sans preuves. Et Issil m’envoie faire du café ! Sans moi, il n’y a personne pour prendre sa défense !
– Ne te mêle pas des histoire de la caravane, Hirilil. Issil a raison, nous devons rester discrètes, rappelle toi. Déjà ta performance d’hier…
Hirilil bondit me coupant la parole.
– Quoi! Toi aussi tu vas t’y mettre ?
– Calme toi. Je dis juste que je n’ai pas envie que les regards s’attarde sur nous. S’ils découvrent ma condition cela va créer des problèmes. Tu le sais.
Hirilil se retourna, comme soudainement concentrée sur l’ébullition de l’eau dans le récipient de cuivre.
– Je vais faire un tour.
Pas de réponse. Hirilil était furieuse. Mieux valait ne pas envenimer les choses en restant.

Sous les premiers rayons de soleil, la rosée scintillait tandis que la brume se dissipait doucement levant le voile sur la plaine vallonnée alentours. Je remarquais les traces des sentinelles postées la nuit mais rien d’autre. Etrangement il ne semblait pas que quelqu’un se fusse écarté du campement, ou alors avec une extrême précaution. Je continuais mes recherches en faisant discrètement le tour du camp jusqu’à ce que je trouve un pièce d’argent près du bord de la rivière. Les traces étaient nombreuses mais impossible de déterminer quoi que ce soit. Beaucoup de monde s’y était rendu entre hier soir et ce matin. Le mystère restait entier.
Je revins vers le camps après mettre baignée rapidement. Le soleil touchait à peine le haut des collines et le conseil improvisé était toujours animé. Hirilil s’affairait à offrir du café à chacun avec son air fermé que je lui connaissais bien. J’en profitais pour passer des chausses de cuir souple et y dissimuler deux poignards elfiques avant d’aller m’occuper des chevaux.

La caravane allait bientôt reprendre sa route  en direction de Tharbad, que nous devrions atteindre dans 3 jours. La proximité des Vieux Galgals rendait les hommes nerveux mais nous approchions de Metraith, aujourd’hui connue sous le nom de Thalion, une des principale villes du Cardolan certains en faisaient même sa capitale. Les marchands y feraient certainement quelques affaires en s’installant un jour ou deux avant de reprendre la route. Mais, à partir de là, nous croiserons plus de monde et de villages sur la route. J’espérais que Beorend avait pris ses dispositions pour assurer la sécurité et le passage de la caravane dans les différentes régions, il semblait suffisamment habitué pour cela et je ne m’inquiétais pas outre mesure.
Les chevaux étaient prêts et les hommes se dispersaient pour rejoindre leur chargement afin de reprendre la route tandis que le soleil s’élevait apportant avec lui une légère brise d’ouest.

 

Sharilaa

 

En allant à Tharbad (2)

« Pomme, épine, noix et roseraie, Sable, pierre, étang et hêtraie, Laissons-les! Laissons-les! Sans nous soucier  » (1)

Ainsi chantait Hirilil en s’accompagnant de sa harpe, assise à côté de sa sœur. La chanson terminée, elle posa l’instrument derrière elle et sauta à terre. Elle rejoignit alors le chariot derrière eux pour discuter avec le bouvier. Il travaillait pour une fonderie réputée du Cardolan, avec la charge de la fournir en minerai de fer des galgals. La jeune fille appréciait visiblement sa compagnie, ainsi que les gâteaux secs qu’il avait emportés pour adoucir son voyage. Son compagnon, conducteur de l’attelage n’appréciait pas trop qu’elle vienne lui subtiliser sa seule compagnie. Mais il savait s’effacer et puis de la sorte il était souvent tout à côté de la belle qui s’asseyait entre eux deux, frôlant ses jeunes chairs, fermes et douces. Beorend, à la tête du convoi, avait tourné la tête dans la direction de leur chariot quand Hirilil eut fini sa chanson. Issil Avait remarqué pour la première fois ce petit manège la veille et profita de croiser le regard du chef de la caravane pour lui lancer un regard chargé d’avertissement : le père protégerait sa progéniture de toutes les prédations. Beorend redressa la tête suffisamment vite pour qu’Issil n’ait plus aucun doute quant à la réception du message tacite.

– « Ta sœur est bien trop jeune Shaela. Nous traversons une terre tellement pauvre que les corbeaux sont peu nombreux ici. Elle doit se montrer plus prudente. Je compte sur toi pour le lui rappeler.
– Tu as raison. Je le ferai. »

Le soir, ils arrêtèrent les chariots en cercle au fond d’une vallée assez large. Le cercle touchait une petite rivière profonde qui chantait la fraîcheur de son eau aux oreilles couvertes par la poussière de la route. Comme tous les soirs, les Chantechêne se tenaient légèrement à l’écart. Les membres du convoi mangèrent ensemble, après avoir mis leurs provisions en commun, règle de Beorend. Les hobbits avaient de ce point de vue un traitement de faveur, puisqu’il leur était autorisé de ne partager que la moitié de leur nourriture. La plupart des voyageurs connaissaient suffisamment les hobbits pour reconnaitre le bien-fondé de cette exception. En outre, et personne ne s’en plaignait, à la nuit tombée, ils sortaient l’un un luth l’autre une flute et jouaient des mélodies de leur pays, en chantant parfois, en dansant souvent. La plupart des charretiers, fourbus de leur journée se contentaient de frapper dans les mains, assis en rond auprès d’un grand feu.
Ce soir là Hirilil n’y tint plus et se mit à danser au milieu de tout le monde, seule avec la lumière du brasier qui masquait celle des étoiles. Elle avait besoin de sautiller et de tourner et de taper du pied sur le sol meuble. Prise dans le tourbillon de sa danse, elle se mit à tourner rapidement sur elle-même. A mesure que les bords de sa jupe s’envolaient et se relevaient pour laisser voir le bas de ses jambes, bien des yeux s’écarquillaient. Emportée par sa danse, oubliant enfin la rudesse de la vie, elle fut prise d’un fou rire qui ne cessa qu’après que la musique fut finie. Chacun avait alors un large sourire aux lèvres. Elle s’inclina bas devant les hobbits et chacun en vit assez pour faire de doux rêves toute la nuit et même celle d’après.

Le lendemain matin, le bouvier aux gâteaux secs, ami de la jeune Chantechêne, avait quitté la caravane ou disparu selon celui qui commentait le fait. Un autre marchand se plaignit que plusieurs de ses armes qu’il ramenait et sa bourse qui contenait encore un peu d’or, lui avaient été dérobés dans la nuit. Aucune des sentinelles n’avait rien vu. De l’avis général le bouvier avait fui à travers les galgals ou en direction de Suduri en emportant son butin. Hirilil savait bien qu’il ne pouvait en être ainsi, car son vieux père avait besoin de son fils dans une ferme près de Tharbad : le temps des moissons est très proche.

 (1) chanson de marche par Endryamir Foro 
texte d’Hiragil de Pontis, fille du corbeau

En allant à Tharbad

photo by  Eventrue

Beorend aimait sa vie. Il conduisait en chef les chariots du plus riche marchand de Suduri. Il arpentait depuis de nombreuses années la route verte et la route rouge et toute les routes secondaires. Il était connu dans tous les hameaux, tous les villages du Cardolan et la plupart des fermes isolées étaient heureuses de l’accueillir pour un soir. Ils avaient presque passé les Tryn Gorthad. Le convoi devrait être plus tranquille maintenant qu’ils arrivaient dans les plaines rases du Minhiriath. Et pourtant il ne trouvait pas le sommeil. Il était troublé, c’était la première fois. Il n’avait jamais voyagé avec Issil Chantechêne qui semblait être, par sa façon d’être, ses habitudes et ses paroles un marchand ayant blanchi sous le harnais. Il croyait pourtant connaître tout le monde. Mais cela restait un détail.

Beorend ne l’admettrait jamais ouvertement, mais les sœurs Chantechêne l’intriguaient, le fascinaient, le troublaient. Il n’est pas fréquent qu’un marchand emmène ses filles en voyage. Autant l’ainée ne disait pas grand-chose, autant la cadette aux cheveux d’argents était enjouée et ravissait la caravane de ses rires éclatants. Autant l’ainée connaissait déjà le métier, autant la cadette découvrait tout, s’intéressait à tout. Cet enthousiasme faisait d’autant plus plaisir à voir que les ombres sinistres des galgals étaient proches. Leur complicité plus qu’apparente rendait secrètement jaloux les routiers qu’ils étaient tous, enfermés dans leur solitude de vagabonds, en même temps qu’elle leur assurait la plus vive sympathie de ces mêmes personnes. Tout ceci n’aurait du être qu’une des bonnes surprises que l’on a à force de rencontrer de nouvelles personnes de dans de nouvelles caravanes, mais par pour Beorend cette fois.
Deux nuits auparavant, alors qu’il faisait sa ronde, il passa près du chariot Chantechêne. Il fut touché par la façon dont les deux sœurs s’étaient blotties l’une contre l’autre pour se tenir chaud. Plus que leurs beaux corps athlétiques, c’étaient le sourire serein de leurs visages et cet oubli de soi qu’il laissait paraitre qui l’avaient marqué. Depuis il gardait cette image en tête et ne pouvait se débarrasser d’un poids sur la poitrine qui ne faisait que grandir. Au bout d’une journée d’une introspection taciturne, il avait été obligé de s’avouer qu’il était jaloux de Shaela, l’ainée et qu’il avait très envie d’être à sa place, tout contre Hirilil, la plus jeune.

La route était encore longue jusqu’à Tharbard. De son point de vue, il valait mieux que ce voyage se termine le plus vite possible.

texte d’Hiragil de Pontis, fille du corbeau

douce lobelia

La lobelia est une fleur d’environ un mètre ornée de fleurs rouges, bien qu’on puisse en trouver avec d’autres teintes. Sa fleur d’un rouge profond possède 5 lobes et ses feuilles sont longues. La lobelie est connue surtout des hobbits en tant qu’herbe à pipe, la douce lobelia.  Mais certains soigneurs en font bouillir les racines pour les problèmes intestinaux ou encore le rhume. Elle possède néanmoins une certaine toxicité.

Lobelia Sacquet de Besace, grande amatrice des cuillères en argent de Bilbon, doit son nom à la culture de cette herbe à pipe par sa famille. Cette variété, qui déclenche les rêves aussi, est particulièrement appréciée de Saroumane.

La chapelière appelée aussi  «Poirebeurée» (1) ou encore Grand Petasite se trouve souvent en forêt, près des ruisseaux ou rivières. Elle préfère en effet les terrains ombragés et humides.
Elle est connue surtout pour l’utilisation des ses larges feuilles rondes dont on se sert pour envelopper le beurre. Mais certains érudits et soigneurs connaissent aussi ses propriétés curatives notamment pour les maux de têtes, toux, les plaies et mêmes les fièvres diverses.
Elle fleurie au début du printemps avant que n’apparaissent les feuilles. Ses fleurs roses pales se regroupent sur une longue tige. Ses feuilles sont très robustes et grandes d’où leur utilisation commune.

(1) Prosper Poirebeurée en anglais Barliman Butterbur. Butterbur est le nom de la chapelière en anglais.

Le départ

Un petit attroupement de hobbits curieux s’était formé autour de la caravane. Les préparatifs s’achevaient : derniers conseils, vérification des paquetages, l’attelage des boeufs, mules et chevaux, chacun s’affairait nerveux et enjoué sous l’excitation du départ. Le convoi n’était composé que d’hommes à l’exception de deux hobbits perchés sur une charrette bourrée à craquer d’herbes à pipe et de tonneaux contenant certainement toutes sortes de bières brassées à la Comté. La pipe à la main, fiers, ils contemplaient leurs amis, voisins et curieux qui se pressaient autour d’eux tandis que le doyen du village, la mine grave, tentait une dernière fois de les dissuader d’entreprendre cette folie.
Une petite escorte d’hommes armés avait été recruté par les commerçants, et j’y reconnaissaient d’ailleurs un ou deux visages, des connaissances d’Issil. Le vieux briscard  s’était arrangé pour avoir un homme dans la troupe si ce n’est plus.
Vétue d’une robe de voyage achetée à Bree et arborant ma nouvelle coupe grossière et ratée de cheveux qui avait un seul avantage celui de cacher mes oreilles, je m’approchais repérant Issil et Hiragil près d’une charrette tirée par deux vigoureux chevaux et suivie par un dernier lourdement harnaché des sacs et sacoches. Issil m’aperçut le premier et ses yeux sourirent en me découvrant ainsi fagoté.

– Ah enfin, ma fille ! Tu as vu l’heure ?! Nous allions partir sans toi.
Je réprimais mon sourire devant la comédie d’Issil.
– Excuses moi, père, j’avais un courrier à déposer et quelques pièces à récupérer.
Hiragil se retourna au son de ma voix et replongea aussi vite la tête dans les sacs pour dissimuler son fou rire. Sa réaction confirmait les qualités de mon déguisement.
La charrette qu’avait acheté Issil, comprenait une large assise sur laquelle nous pourrions tenir à 3 ainsi qu’un auvent  recouvrant les marchandises et  qui nous permettrait aussi d’être à l’abri des regards s’il le fallait.
– Tout est prêt ?
– Nous n’attendions que toi.
Issil me confirmait que rien ne manquait. Je pris place sur la charrette et Hiragil, les yeux portant encore les échos de son rire, s’installa près de moi.
-Tu as dormi sur la tête ma soeur ?
Elle eu pour toute réponse la promesse d’un joli bleu sur la cuisse et un sourire.